(Sans Spoilers)
19 juillet 2023, la date où les 2 gros hits de l'été Oppenheimer et Barbie sortent au cinéma.
Sorties Nationales synchronisées entre Warner et Universal, Universal qu'à rejoint Christopher Nolan après avoir quitté Warner. Le match Barbie et Oppenheimer est donc tout, sauf un hasard.
Zoom sur Oppenheimer.
Après Tenet, grand sauveur du cinéma après le covid, qui n'avait pas vraiment cartonné, faute à son scénario qui se la pète un peut, nous avons en tête les chefs-d'oeuvres que sont Inception ou Interstellar.
Nolan nous emmène cette fois ci dans un biopic de 3h, avec un très gros casting et des seconds rôles prestigieux. Oppenheimer raconte l'histoire du père de la bombe atomique, et plus particulièrement de la conduite du projet Manhattan durant la seconde guerre mondiale.
La force de ce morceau de vie raconté, est d'inscrire les événements à travers les obsessions d'un homme mêlées avec ses vies amoureuses, dans un contexte politique. Une fois ces bases déposées, le plan moral viendra dans un second temps.
Si la temporalité de l'histoire n'est pas tout à fait linéaire, on se laisse guider à chaque instants.
La réalisation est maitrisée, et met en valeur de manière magistrale Cillian Murphy, qui j'espère aura un Oscar pour cette prestation.
L'Utilisation du noir et blanc pour séparer les points de vues est une très bonne idée artistique, et ce n'est pas la seule raison de leurs utilisations dans certaines séquences.
Le film prends son temps, c'est une succession de conversations entre les personnages. Et il faudra être attentif, car pour profiter du film, il ne faudra pas en perdre une miette, et c'est très dense !
Me concernant, le film m'a bien embarqué. Ce rythme contemplatif mais avec des sujets et un cadrage toujours passionnant, est complété par une musique très présente, toujours juste, avec des notes parfois référencées à The Dark Knight ou Interstellar.
Oppenheimer c'est la détermination d'un homme à conduire un projet quoi qu'il arrive. C'est l'entêtement d'un patriote américain, à aller jusqu'au bout d'une nouvelle création, qui se soucie de la créer en ayant peut de recul sur les conséquences. Oppenheimer, c'est une immersion dans l'anti-communisme et dans les rouages du système politique des USA pendant et après guerre.
Des voyages à travers les universités du monde pour la constitution de son équipe de recherche, à la construction de Los Adaes, en passant par les différentes femmes de sa vie, qui si elles n'ont pas tellement de scènes en trois heures, leur place est intimement plus complexe et importante que ce que les réseaux sociaux ont pu dire. D'ailleurs Florence Pugh et Emily Blunt brillent dans le film, et Christopher Nolan propose pour la première fois des scènes nues et des scènes de gros câlins, mais comme je l'ai dit, le rôle des femmes va beaucoup plus loin que le sexe. Et une dimension dramatique, va influencer la conduite de la suite des travaux de Robert, et cinématographiquement c'est une master classe !
Vous l'aurez compris, c'est un grand film, un biopic qui ne fait pas que raconter le projet de la vie d'un homme, mais qui raconte l'histoire et le statut de cet homme par rapport à sa découverte.
Le film nous plonge dans la tête de Robert, au milieu de sa fierté et de sa modestie.
Il passera une grande partie de sa vie à se battre contre son invention, sans que jamais Nolan ne se permette de prendre position. Bien que la découverte soit épouvantable, l'homme derrière cette découverte nous inspire malgré tout, beaucoup de sympathie, étrange mais bien réel.
Les séquences d'explosions, de lumières, réalisées sans effets spéciaux sont marquantes.
La scène de l'explosion du test final reste la plus réussie, au même titre que la scène de l'avion dans Tenet, car c'est une symphonie visuelle et sonore, jumpscare et on enfile les lunettes anti uv avec le noeuds au ventre.
Le défaut principal, c'est le manque de plans prestigieux, pas assez nombreux à mon goût pour justifier une projection IMAX qu'elle soit argentique 70mm ou numérique. Inception et Tenet étaient beaucoup plus généreux en la matière. Il y avait moyen de rendre Los Adaes et la bombe, encore plus grandiose. Dommage, à la place on a des plans sur deux bocaux, avec un plan serré, qui se reculera et se remplira de billes au fur et à mesure de l'accomplissement du projet. En IMAX, on en attendait un peut plus.
C'est un biopic d'auteur au casting grand public, qui divisera certainement ce grand public.
Car apprécieront Oppenheimer, ceux qui seront en capacité de comprendre la deuxième lecture du fond, seront capable de connaitre certains événements historiques de la seconde guerre mondiale pour se laisser embarquer pleinement dans ce voyage.
Les partant de gros casting et d'action resteront sur leur fin, car ce n'est pas le sujet ici, ce qui n'en fait pas moins un grand film.
C'est dense, esthétique, poignant, interrogeant, dramatique. C'est un biopic signé Nolan, et c'est à voir au moins une fois dans sa vie, car la valeur de cette vie est directement, aussi, interrogée de manière philosophique dans ce film, et c'est aussi ce qui le rend si beau.
Note d'Anthony
4,7/5